L'apparition de l'icône de la Vierge Féodorovskaya, ainsi que ses déplacements d'église en église sont racontés en détail dans le Récit de l'apparition et des miracles de l'icône de la Vierge Féodorovskaya de Kostroma, écrit en 1644 par le protopope (premier prêtre dans le rang) Théodore de l'église de la Dormition de Kostroma. D'après ce texte, l'icône se trouvait au début dans la ville de Gorodets sur la Volga. En 1239, la ville fut incendiée par les Mongols de Batu Khan et, cette même année, l'icône apparut au prince Vassili de Galicie et de Kostroma sur un sapin, dans la forêt où il chassait. Le prince la transporta solennellement dans l'église de Théodore Stratilat de Kostroma. L'icône devint la relique de la ville. On rapportait qu'un soldat ressemblant à Saint Théodore était apparu dans le ciel, portant l'icône sainte. Un monastère consacré au Mandylion (portrait du Christ "non fait de main d'homme") fut construit à l'endroit où l'icône était apparue. L'église de Saint-Théodore-Straliat brûla et l''icône, qui survécut miraculeusement à l'incendie, fut déposée dans ce monastère.

 

Au moment où le Tatares attaquèrent la ville de Kostroma, le prince Vassili, prit l'icône et la portant devant soi vainquit les Tatares. L'armée ramena triomphalement l'icône dans la ville en chantant des hymnes à sa gloire.

 

Tant l'apparition de l'icône sur un arbre que l'icône alliée contre l'ennemi sont des sujets courants dans les récits d'icônes miraculeuses et surtout celles de la Vierge. Mais l'histoire de l'icône de la Vierge Féodorovskaya se démarque des autres. En 1613 elle fut étroitement liée au choix du premier tsar de la dynastie des Romanov, Michaïl. En effet, Michaïl et sa mère se trouvaient à Kostroma. Les membres de l'ambassade, venus de Moscou dans le but de demander à Romanov de monter sur le trône, transportaient avec eux l'icône de la Vierge Vladimirskaya et des images de saints miraculeux. Une procession avec l'icône de la Vierge Féodorovskaya fut organisée depuis le monastère de la Dormition à Kostroma jusqu'au monastère d'Ipatiev. Quand Michaïl et sa mère Martha, déjà très âgée, refusèrent le pouvoir devant les membres de l'ambassade et leurs icônes, Martha adressa une prière à la Vierge Féodorovskaya et, incitée par cette dernière, bénit son fils en le convainquant de devenir tsar. Ce fut le 14 mars. Depuis l'icône Féodorovskaya est célébrée deux fois: le 15 avril, le jour où elle est apparut au prince Vassili, et le 14 mars, le jour de l'instauration de la dynastie des Romanov. En 1614 à la demande du tsar Michaïl I l'icône fut transportée à Moscou et déposée dans l'église de la Naissance de la Vierge de Kremlin. Malgré cette riche histoire jusqu’au XVIIe siècle, la Vierge Féodorovskaya n'inspira pas beaucoup les peintres. Ce n'est qu'à partir de la deuxième moitié du XVIIe s, que l'on commence à la représenter entourée de médaillons où sont représentés les miracles qu'elle accomplit.

 

La formule iconographique de la Vierge Féodorovskaya est proche de celle de la Vierge de Vladimir. L'enfant est assis sur sa main droite. La main gauche posée sur la poitrine exprime l'adoration. L'Enfant se serre contra sa Mère en entourant son cou de sa main gauche alors que sa main droite se tend vers l'épaule de la Vierge. La position des pieds de l'Enfant évoquent le désir de se soulever. Dans ce mouvement l'himation du Christ découvre sa jambe droite. Ce petit détail existe dans plusieurs représentations de la Vierge à Byzance se rapportant au Christ victime expiatoire ou au Christ Agneau divin (E.S.Smirnova, 2004).  

 

Dans la foi populaire la Vierge Féodorovskaya protège les mères des naissances difficiles.

 

Littérature :

E.S.Smirova, Ikony severo-vostocnoj Russi. Rostov, Vladimir, Kostroma, Murom, Rjazan', Moskva, Vologodskij kraj, Dvina. Seredina XIII – seredina XIV veka, Moscou, 2004, p. 179-186, n° 1.