Provenance: Collection Eva Friedrich.

 

Références:  Bloch 200;  Geiser (Baer) 368/IV B.b.; Suite Vollard 92; Baer 368.

Reproduit sous le n°368, « Picasso peintre-graveur » de Bernhard Geiser, Berne, 1955 p. 136:

« Minotaure, buveur et femmes », 1933 (18 juin, Boisgeloup). Eau-forte sur cuivre. H. 298 mm. L. 365 mm.

 

Ier état : Les têtes du buveur et des femmes, une partie du fond et quelques parties du corps du minotaure sont fortement travaillées au grattoir. La femme couchée a trois seins. 4 épreuves sur vélin d’Arches, tirées par Lacourière.

IIe état : La partie entre la tête du buveur et celle du minotaure est éclaircie au grattoir. Un visage de femme apparait derrière la coupe. Éclaircissement au grattoir également dans les têtes des deux premières femmes et dans l’épaule gauche du minotaure. Le troisième sein de la femme couchée est presque supprimé. L’étoffe, sous les seins de la femme couchée, est travaillée par des tailles entrecroisées. 4 épreuves sur vélin d’Arches, tirées par Lacourière, avec divers encrages.

IIIe état : Les deux mains de la troisième femme reposent sur les épaules du buveur. 4 épreuves d’essai sur vélin d’Arches, tirées par Lacourière, avec divers ancrages.

IVe état : Avec les biseaux et après l’aciérage. Edition Vollard, achevée de tirer par Lacourière en 1939.

b. 50 épreuves sur grand papier vergé de Montval, filigrané Montgolfier, en partie signées. Reproduit.

c. 250 épreuves sur papier vergé de Montval, filigrané Picasso ou Vollard, en partie signées.

Le cuivre, rayé en 1956, est déposé à l’atelier Lacourière-Frélaut.

 

Documentation: Notre rare gravure est le IVe état, avec les biseaux et après l’aciérage, de l’édition Vollard, achevée de tirer par Lacourière en 1939, dont le cuivre a été rayé en 1956. Elle fait partie des trois uniques épreuves sur parchemin, signées et numérotées à l’encre rouge. Dans cette estampe, on y voit la célèbre figure du Minotaure qui remplace la figuration de l’artiste dès le 17 mai 1933, moment de la commande de la couverture du premier numéro de Minotaure. La revue apparaît pour Tériade et Skira, menés par les jeunes surréalistes Breton et Eluard. Pierre Daix (dans « La vie de peintre de Pablo Picasso », Editions du seuil, 1977) dira que « l’apparition du Minotaure coïncide avec le moment où Picasso reconnaît le surréalisme comme facteur de sa création (… et) le moment où Picasso passe à un surréalisme délibéré ». Picasso conçoit de nombreuses planches, absolument narratives, dans lesquelles le 24 mai, la figure du Minotaure copule, le 18 juin elle regarde une femme dormant ou la viole aussi. La représentation du Minotaure est très particulière pour l’artiste car si en 1928, Picasso crée des chimères mi-taureau, mi-homme, en 1933, apparaît une véritable fusion de l’homme-animal. Elle incarne aussi la puissance de la bête, associée à ses racines espagnoles et l’artiste l’associe à l’humain. Tandis que pour les surréalistes, la figure est davantage liée à la mythologie et à l’inconscient. Cependant Picasso participe à sa manière au bouleversement surréaliste du début des années 30, qui pour Brassaï se manifeste avec éclat par la revue Minotaure.